dimanche 23 septembre 2012

VincenD





VincenD est un peintre français contemporain demeurant à Gallardon, commune d'Eure et Loire, située à 80 kilomètres de Paris, près de Chartres. Son lieu de résidence est un axe central dans sa recherche picturale : un lien passionnel le relie avec Gallardon et se décline dans son oeuvre. Sa poésie est tourmentée, vibrante, charnelle... Elle nous pénètre de ses champs de couleurs, ocres et ombrageux. Après quelques rencontres, nous voulions réaliser un entretien à l'occasion de son exposition le 29 septembre 2012 à Gallardon. Pour découvrir sa voie et mieux comprendre ses paysages.




LE PROCESSUS DE CREATION

VdS : Par quel processus as-tu été amené à t'exprimer au travers de la peinture et comment élabores-tu ton travail ?

VincenD : « L’idée de la peinture, et plus particulièrement l’huile, m'est venue très naturellement, plus que n’importe quelle autre matière. Gamin, j’allais rendre visite à un oncle peintre et ressentais une connivence sensorielle avec les matériaux. Le procédé me transperçait.
Les odeurs en premier, l’huile de lin, les pigments, la térébenthine, le pin des châssis… Impossible de trouver tout ça ailleurs. La viscosité de la pâte, sa brillance, son onctuosité. Cette substance permet des glacis formidables, étendre une noix de pâte à l’infini, épaisse ou diluée et cette ouverture physique avec les dégradés me transcendent. Au milieu, la noix déposée s’abandonne au bruit du lin que la spatule frotte. Suivant le grain, le son possède des rugosités différentes. L’huile est une matière qui me convient parfaitement parce qu’elle met un certain temps à sécher. Je suis un adepte de la pause, du break, du recul et ce long séchage me donne la liberté de pouvoir y revenir le lendemain, et même deux jours après. On peut ainsi réutiliser la couche moelleuse et continuer les dégradés sans être obligé de rechercher la couleur exacte à nouveau.
Pour le thème, il m’a fallu pas mal de temps pour me caler sur mon support. D’abord affublé d’un fâcheux penchant pour le figuratif, je suis arrivé à peindre des paysages marins, sans jamais trouver l’extase. C’est la révélation amoureuse et pathologique de mon village qui m’a fâcheusement orienté pendant presque dix ans, à peindre des horizons beaucerons percés de flèches et de petits bois. Et puis la Beauce est très maritime, les champs de blé vert tanguent comme la houle et les chalutiers dans les creux sont des tracteurs tombant dans les profonds sillons. Charles Péguy, poète de chez moi, a longtemps comparé ces deux endroits. La boucle fut bouclée et je devais me figer sur ce thème. Cette exposition d’ailleurs est la dernière sur mon village. Je pense avoir fait le tour et être arrivé à quelques compositions dont je rêvais il y a quelques années. Presque 130 seront affichées.
La peinture à l’huile et au couteau nécessitent de larges mouvements presque définitifs, des pulsions qui me donnent beaucoup de plaisirs, oubliant ainsi le souci du détail, latérales, tout en gardant la préoccupation de la profondeur. L’empattement du premier plan apporte le relief et le contraste aidé du noir (que je n’utilise jamais pur, mais à base de la couleur thème du tableau), pour la lumière il y a le tube de blanc de titane».




GALLARDON

VdS : Que représente pour toi ce lieu et que t'inspire-t-il ?

VincenD : «Mon village est un lieu de refuge pour me ressourcer. Je suis né sur cette terre et mes semelles ont toujours le contact avec ce limon gras et sombre, granulé de silex. Une fois de plus, la lumière, les odeurs et le drone des vents agitent tous les sens… l’odeur des moissons, les hautes forêts, les bois étriqués… Il a quand même fallu m’expatrier professionnellement dans la capitale pour prendre de plein fouet la Beauce vers laquelle je retourne quotidiennement. Chaque retour est un choc sous lequel je ne pourrais en apprécier la quintessence. Ma présence permanente m’aveuglerait. Mes balades dans les contrées sont pathologiques et l’envie de peindre systématique, rendre hommage au grands espaces et à cette ligne droite infinie de l’horizon. La capitale, j’y vais chercher le matériel et la musique».





LES CHRONIQUES DE CHARLU

VdS : Ton blog, Les chroniques de Charlu a ce parti pris entre ta création et l'écoute d'un disque, d’un artiste. Que désires-tu transmettre ?

VincenD : «J’ai longtemps hésité à mélanger la musique et la peinture sur le blog. C’est pourtant deux choses indissociables, comme les odeurs, les textures et les sons de la peinture d’ailleurs. Chaque séance de peinture a son lot de disques, des disques de chevalet. Ils sont particuliers : ils sont là pour aider à me mettre en condition et complètement différents de ce que j’écoute « librement ». La musique et l’histoire discographique ont pris un caractère obsessionnel dans ma vie, dès l’âge de 10 ans, bien avant la peinture. Il est évident pour moi, que chaque paysage déclenche un son et une interprétation picturale. En vice et versa. Déclencheurs, déclics… tout support confondu. Par contre, je ne connais pas le résultat de l’influence qu’à sur moi l’écoute de telle ou telle musique. Quelle autre couleur si Hildur Gudnadottir avait remplacé Peter Broderick ? Il n’empêche, tout commence par un état, une vision que vient mijoter la diffusion d’un disque. Il était alors nécessaire de proposer les deux sur le blog. Il y a toujours un manège étrange entre les mots, la peinture, la musique, comme les sentiments, la biologie et le sexe par exemple. Tout est indissociable.
La nature que l’on veut peindre a un son. Le vent est un drone différent selon l’endroit. Dans les peupliers, la musique est métallique, sur un champ de froment elle est douce et flou, vers l’horizon elle siffle, la neige capitonne les résonnances, les ruisseaux empierrés des symphonies et les pluies sont des chants, avec à chaque fois, une odeur et une couleur différentes.
J’espère à la lecture des chroniques musicales, transmettre tout ça, et pas uniquement les crédits techniques de l’histoire d’un album, même si c’est nécessaire quand même. En revanche, c’est peut être assez personnel, si je peux juste donner envie. S’approprier un album ou un paysage et y mettre des mots ou de l’huile, c’est très excitant. Il y a vraiment une grande différence dans mes chroniques entre les albums « normaux » et ceux qui m’aident à peindre, c’est là que le très personnel apparaît».




VincenD

vendredi 14 septembre 2012

Cyril M.





Cyril M., étrange simplicité d'un pseudo reprenant nom et prénom. Un jeune artiste aux allures sombres et ténébreuses, tout vêtu de noir. Un trait d'union nourri des meilleures intentions.
Timidité éclose, "Travel Thoughts", premier album, en duo avec David Loup, sous le nom d'Haze Caress. Entre tentatives électriques et folk décalé, cet album se cherche sans contradiction, toujours avec une même ligne directrice.






Cyril M. revient ensuite avec "Attraction et Répulsions", unique plage de 35 minutes. Expérience sonore qui investit des champs magnétiques, hors-champs, comme un long et lent travelling avant allant crescendo. Modulation des fréquences, défragmentation, ellipse sinusoïdale épileptique.










En février 2012, sort "Démesure Du Vide".
Entre ambiances feutrées, la marque du bruit et une voix omniprésente, cet album est plus contrasté et théâtral. Plus mature.
La guitare de Cyril M. possède la consistance d'un filtre : c'est l'idée que l'on peut se faire d'un prisme qui déploie ses lumières.







Cyril M. Facebook

samedi 8 septembre 2012

"Si ça va, bravo" de Jean Claude Grumberg







Entre les deux protagonistes de la pièce de Jean Claude Grumberg, joués par Etienne Coquereau et Renaud Danner, se noue une relation singulière qui n'est pas sans rappeler les personnages de Beckett.
Un décor minimal avec, en arrière-plan, des visages de spectateurs virtuels, imprimés sur une toile, face à face avec le public.
Au centre, les deux acteurs - d'un naturel déconcertant ! - s'observent, se mirent, communiquent sans forcément se comprendre. Ils se parlent, s'agitent et font diversion.
Décalée, intelligente et pleine d'humour, "Si ça va, bravo" est une pièce où l'émotion est diffuse dans toute son humanité. Un moment rare !



SI ÇA VA, BRAVO par OTHELLOVILGARD


Théâtre du Lucernaire - Jusqu'au 29 septembre 2012
53 Rue Notre-Dame des Champs - 75006 Paris
du mardi au samedi à 21h.


Le Lucernaire