« Pour qui sonne le tilt (…) une affaire de distance et de temps »
Arnaud Michniak, après ses expériences collectives (Diabologum, Programme…), nous apporte sous son simple nom, un nouveau projet : «Pour qui sonne le tilt».
Fruit de recherches musicales personnelles et d’écrits toujours aussi puissants, Michniak se présente sous un nouveau jour. Les champs de création ont évolué, les paramètres ont été reprogrammés. Le rapport à la réalité reste le rapport à soi et donc à l’autre.
Michniak, la plus belle plume du «rock» français – ceci n’engageant que moi – se positionne hors des sentiers battus : je ne parlerai pas de slam, ni de rap, ni de spoken word, préférant à ces qualificatifs parler de poésie. Celle qui vit, celle qui soulève l’épiderme et engendre l’émotion. Loin des querelles idiotes des chapelles littéraires bien-pensantes, Michniak nous parle de son travail et de son ressenti. Parle vrai.
Vers du Silence : Comment as-tu abordé ce projet et dans quel contexte a-t-il été réalisé ?
Arnaud Michniak : "C’était bien étrange en vrai, je ne sais plus trop comment ça part, il y avait des mélodies qui restaient, des titres de chansons qui apparaissaient. Je travaillais, tricotais. Je ne sortais pas de chez moi. Les moments des prises proprement dites c’était comme des chutes. Je ne dormais pas trop, souvent sur le canapé avec la lumière allumée. Et puis la guitare, le piano, l’ordi, j’y allais mais je ne pouvais pas répéter, ça me brulait les doigts, c’était beaucoup de prendre la guitare ou d’aller au piano, de tenter quelque chose. Il fallait se faufiler, se frayer un chemin jusqu’à l’instrument, et avec lui trouver un moyen de glisser pour partir ailleurs. J’ai répété 6 mois la voix, un peu comme on connait, et puis une semaine avant d’entrer en studio j’ai chuchoté comme ça. Je me suis assis, j’avais besoin, pas d’asseoir mon public, de m’asseoir moi ! En studio j’ai pensé enlever la musique à un moment, laisser juste la voix les textes, et puis finalement j’ai laissé la musique j’ai bien fait. Il y a une ambiance dans ce disque que j’aime beaucoup, une attitude. C’est fragile, comme si ça pouvait aussi ne pas se faire. Les textes, certaines phrases datent de l’adolescence. Je garde des carnets, très vieux".
VdS : D’où te vient ce sens aigu de la réalité ? De l’enfance ? D’un évènement de ta vie… ?
A.M : "C’est l’écriture. L’écriture est un moyen de connaissance. Plus tu t’approches de la vérité de ton écriture, de là où tu en es, le fond et la forme, plus tu approches un des versants de la réalité. Quand on fait autre chose, ça passe par autre chose. Comme un prisme sur lequel tu agis et qui t’inonde en retour. Je transportais souvent mes textes dans un carton à dessin, j’aimerais bien dessiner aussi. D’où ça vient je ne sais pas, c’était dans l’air je crois, les gens avec qui j’ai vécus, des endroits, des livres. Peut-être une petite amoureuse qui avait ce prisme dans le regard. Peut-être autre chose plus loin".
VdS : La notion de temps est un élément très présent dans tes textes, que représente-t-elle pour toi ?
A.M : "Elle n’est pas si présente que ça je trouve. Parce que j’étais très enfermé peut-être, assez seul, vivant la nuit. Pour moi le temps n’existe pas, quand j’y réfléchis".
VdS : Il y a comme un défi dans cet album : extraire l’authenticité. Peut-on parler de recherche de l’idéal ?
A.M : "C’est comme une manière de respirer. Apprendre à marcher comme je dis dans un texte. Après il y a un feu oui… mais l’idéal c’est d’arriver à bien respirer et à bien marcher. Ou à bien souffler sur le feu si c’est ce qu’on veut".
VdS : Y a-t-il une volonté politique dans ta création ?
A.M : "Oui mais ce n’est pas une volonté je ne crois pas, c’est « normal ». C’est ce que j’ai traversé, on porte tous quelque chose".
VdS : A quoi aspires-tu artistiquement pour l’avenir ?
A.M : "Artistiquement je ne sais pas. Je commence un nouvel album… j’écris, j’aimerais refaire des films. Et puis je me dis que j’arrête tout périodiquement".
VdS : Le mot de la fin : une citation, un proverbe, une phrase, un mot … ?
A.M : "Sol".
Michniak
Sincères remerciements à Arnaud Michniak et à Emmanuelle pour leur attention et leur gentillesse.
1 commentaire:
Merci Jimmy !
Je te conseille son nouveau disque, toujours singulier, sans compromis.
Merci de ton passage.
Je t'embrasse.
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